Hambourg
Hambourg, Allemagne
Auteur : Thomas Negre
Titre : Hambourg, ville engloutie.
Année : 2013
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Voir aussi : Eveline Bader : Hambourg, l’Elbe ; entrée, lien, barrière, expansion : * (2010)
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Carte exposée : Hambourg, carte, points, routes.
Ci-dessus : Carte ancienne de Hambourg (1710) > Schéma de 1969 > Plan par Schumacher (1920).
L'espace côtier est sujet à de violentes inondations, les Sturmflut (litt. : inondations de tempête). À Hambourg, située dans le fond de l'estuaire de l'Elbe, la dernière Sturmflut destructrice remonte à 1962. Elle provoqua plus de 300 morts. L'inondation de zones récemment urbanisées et supposées hors d'atteinte provoqua la surprise. On accusa la mauvaise préparation des secours, la négligence du risque, le manque de contrôle des digues.
Hambourg se souvient. La digue est chargée d'une haute valeur symbolique. C'est d'elle que dépend l'essentiel de la protection contre les Sturmflut. Der Deich : le mot derrière lequel se cache la gestion des digues par les autorités, la surveillance météo, la préparation des secours, toute l'organisation destinée à parer au risque de la catastrophe.
La croissance d’une métropole – la disparition d’un quartier.
La croissance de Hambourg a commencé par un dessin de Fritz Schumacher, le directeur de l’urbanisme et de la construction (Oberbaudirektor), en 1920. Appelé « schéma du développement naturel de l’organisme de Hambourg », ce dessin influença les décisions d’urbanisme des décennies suivantes. À la manière d’une fougère, la ville devait se développer le long de plusieurs axes de densité autour du centre-ville, en ignorant les limites existantes de Hambourg à l’époque. Le développement des zones d’habitation vers le nord fut décidé.
Les terres basses et humides au sud de l’Elbe n’étaient pas protégées contre les hautes eaux. On en fit une zone d'activité. Avec Schumacher, le découpage fonctionnel de la ville était ainsi solidifié: le nord de Hambourg pour habiter et le sud pour le port et le travail. En 1962, après le raz-de-marée qui submergea le sud de la ville, le quartier “Wilhelmsburg” fut détruit en partie, on le déclassa au profit de logements situés plus au nord. La construction de grands immeubles d'un côté et la division de la ville par le port accrurent sa marginalisation.
Dans les années 1970, quand le transport par containers commença de se développer, le port fut délocalisé à l’ouest pour offrir les surfaces nécessaires. En abandonnant les zones portuaires à l’est, la ville délaissa “Wilhelmsburg”. Les années suivantes, le sud devint un quartier sensible qui se distinguait par ses carences urbanistiques : une infrastructure compliquée, une violence sociale croissante, la concentration d'une population immigrée. Tandis que la ville poussait les travaux d’urbanisme au nord de Hambourg et loin de l’Elbe, le sud voyait grossir de grands immeubles tristes et l'infrastructure avec eux.
En 1993, Egbert Kossak, le directeur de l’urbanisme et de la construction, promulgua un “projet de réaménagement de la rive nord de l’Elbe, entre Deichtormarkt et Neumühlen”. La ville revint vers le fleuve et commença de créer des “perles d’architecture” sur sa rive nord. La fin du 20ème siècle vit naître une vision nouvelle. Les deux rives seraient connectées, la ville sauterait de l'autre côté de l’Elbe.
En 1997, le projet de la HafenCity fut affiché. Le terrain vague de l’ancien port, avec ses bassins portuaires historiques, fut la base d'un nouveau quartier, entre le centre-ville et l’île de l’Elbe. Pendant trente ans, le projet sera réalisé peu à peu et la connexion avec le sud sera de plus en plus active. Des architectes offrirent leur vision, proposèrent des projets spectaculaires. Le bureau BRT (Bothe Richter Teherani) dessinaa un pont de logements au-dessus de l’Elbe (Living bridge).
Pendant ce temps, la ville agissait directement dans les quartiers de Wilhelmsburg et Veddel. C'est là que se déroula de 2006 à 2013 l’exposition internationale de la construction (IBA). À la base des opérations architecturales et urbanistiques, trois principes : l’attractivité de la banlieue ; l'économie des ressources au nom du développement durable ; les projets socioculturels. Le quartier sensible a fini par s’assimiler et la ville l'a rendu attrayant, particulièrement pour la jeunesse et les étudiants. Le quartier populaire de Sternschanze lui a servi d’exemple.
Retour : Vignettes de l'exposition.