Gaoua


Gaoua, Burkina Faso


Sur cette terre Lobi, regardez le réseau des voies, des circuits, ce fourmillement de trajets : il fait penser à un réseau neuronal.

Des lignes plus ou moins rectilignes dénotent sur le terrain des voies de transport rapide, tout au long de fibres bien isolées, tandis que des lignes irrégulières ou en apparence désordonnées, moins adaptées à la vitesse, ressemblent à des fibres nues et à de lentes déambulations vicinales.


Auteur : Thibault Chevillet

Titre : Gaoua, ville-seuil.

Année : 2015

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Carte exposée : Interprétation “neuronale” des routes et chemins de Gaoua.

Ci-dessus : Situation de Gaoua en Afrique de l'ouest > Trames isolées & “fibres nues” (1) > Villages autour de Gaoua

Trames isolées & “fibres nues” (2) > Vue satellite > Les espaces sacrés, les collines du pouvoir, du savoir, de la santé.


On identifie des pôles, des bras plus ou moins longs, que l’on pourrait comparer aux neurones et à leurs axones.

Par-delà la similitude de structure entre les trames dessinées au sol et les neurones, la physiologie même des fibres nerveuses justifie la tentative de caractérisation de ces tracés visibles sur le territoire. Dans le cerveau, les fibres conductrices d’impulsions électriques sont isolées de manière variable par une substance grasse appelée myéline. Or il existe un rapport de proportion entre l’épaisseur de myéline et la vitesse de conduction. Ainsi des fibres nues conduiraient l’information cinquante fois moins vite que des fibres bien isolées.

Risquerons-nous alors une analogie directe et naïve entre ces fibres nerveuses et les tracés sur la terre ? Nous voilà encouragés à rapprocher la rapidité d’un parcours de la façon dont nous nous isolons de ce qui nous entoure : la vitesse neutralise l’inscription en nous des images et des signes. Analysons donc la première trame comme celle de la vitesse et de l’oubli – souvenons-nous de l’éloge de La Lenteur par Milan Kundera (1995). Et faisons de la seconde trame celle de la réactualisation du lieu par le parcours, celle de l’échange entre une mémoire active et son environnement.

La culture Lobi, à travers le rite de passage du jòrò notamment, mais aussi à travers la croyance en une terre habitée par les ancêtres, montre une propension à lier le territoire, sa traversée, et le mythe, l’histoire, la mémoire.


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