Johannesbourg
Johannesbourg, Afrique du sud
Autrice : Anette Labuschagne
Titre : Johannesbourg,la politique spatiale.
Année : 2016
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Voir aussi : Alice Vallier, Johannesburg, Soweto, entre constat fragmentaire et volonté d’unification… : * (2009)
Et : Romeo Peltier, Johannesburg, vers une réunification : * (2011)
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Malgré son paysage topographique sans attrait, Johannesbourg a toujours été un lieu de mirages et d'illusions.
Sans doute à cause du fait que l’or y fut considéré depuis l’Antiquité comme l'unique étalon de valeur, Johannesburg s'est toujours fait connaître comme la ville de l'opulence.
Avec son surnom eGoli, qui signifie “ville de l’or” en zoulou, Johannesburg a toujours eu la réputation d’un lieu où l'on peut s’enrichir rapidement (on la surnomme la « Get rich quick city »). La ville fut construite sur une prairie plate sans arbres ni fleuves et sa forme fut largement déterminée par les emplacements des mines aurifères. Il n’existait rien d’intéressant ni d’agréable sur le territoire, sinon les plus importantes réserves d’or du monde, cachées sous la surface.
Les possibilités apparemment illimitées de l’auto-enrichissement continuent à y attirer des millions de personnes, depuis les zones rurales de l’Afrique du Sud et des pays avoisinants, portées par l’espoir d’améliorer leur existence dans la ville de l’or infâme. Pendant plus d’un siècle, la ville de l’or resplendissant a symbolisé les extrêmes et les excès de l’Afrique du Sud. L’étalage de la richesse y fut mis en scène dans un contexte de grande pauvreté et de privation.
C’est le terrain idéal pour les consommateurs aisés. Toutefois, la consommation à outrance contraste avec les townships noirs en pleine expansion, les innombrables habitats informels non réglementés ou les camps de squatters illégaux, disséminés à la périphérie métropolitaine.
Passionnante et insaisissable à la fois, la ville de Johannesburg vacille toujours entre l’endurance et le délabrement urbain. Elle est reconnaissable à la confusion et à la perplexité engendrées par ses juxtapositions spatiales brutales. Elle doit sa mentalité de pionnière à l’anarchie qui prévalut sur les mines lorsque la ville en était à ses balbutiements.
Témoin de l’insensibilité impénitente et insouciante du consumérisme capitaliste, Johannesburg, après l’apartheid, est devenue une ville animée et frénétique. Au-delà d'un enthousiasme souvent superficiel, c'est une ville où l'on sent peu d’amabilité et de chaleur humaine, hors des petits cercles familiaux ou d’amis. Un lieu dur et implacable, fait d'attentes inassouvies, d'opportunités gaspillées, et de promesses non tenues.
Envisagée à la lumière de l’histoire turbulente et amère de l’Afrique du Sud, la ville de Johannesburg est un lieu contradictoire où le désir d’harmonie sociale et d’égalité se heurte aux héritages durables de l’antagonisme racial et de la méfiance.
La tour Ponte comme métaphore d’une ville fragmentée
La tour Ponte a toujours été l’édifice la plus emblématique dans le «skyline» de Johannesburg. Construite pendant les années 1970, ses appartements, ses ascenseurs et ses couloirs circulaires ont vécu toutes les phases de l’histoire troublée de Johannesburg. Aujourd’hui, la population résidente de la tour est composée des gens de différents races et origines, tous ambitionnant de servir d’exemple d’une cohabitation harmonieuse dans la nation arc-en-ciel. Chaque appartement de la tour a une vue différente du paysage urbain fragmenté.
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