Mexico
Mexico, Mexique
Auteur : Paul Chappatte
Titre : Mexico, Tepito, un quartier en résistance urbaine
Année : 2022
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Voir aussi : Ashley Harms : Mexico, le centre-ville historique, palimpseste d’une identité en construction : * (2012)
Alice Seban : Mexico, un archipel de villages communautaires : * (2013)
Léa Pigeon : Mexico, une ville face à son processus de verticalisation : * (2019)
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Carte mentale de Tepito et de sa lutte : “le lisse et le strié”.
Au lendemain du tremblement de terre de 1985, Tepito et ses habitants ont été fortement frappés par la destruction de leur quartier, des vecindades. Suite à cette catastrophe, le gouvernement mène des offensives pour le transformer et le moderniser. Il procède à des expropriations de parcelles pour y imposer une nouvelle typologie architecturale. Les vecindades — l’ architecture historique — sont décriées par les institutions étatiques comme étant le symbole de l’appauvrissement urbain.
Le discours du gouvernement met aussi l’accent sur la fragilité structurelle de cette typologie architecturale face aux catastrophes naturelles qui touchent la ville de Mexico. Le tissu urbain de Tepito est fragilisé, fracturé, des parcelles entières sont détruites, transformées en chantier, pour y dresser des blocs d’habitations en béton. Face à cette politique agressive de l’État, les Tepiteños se réunissent autour d’associations pour se protéger et agir collectivement.
Émerge alors un soulèvement solidaire et social d’entraide entre les différentes associations, les bénévoles et les habitants du quartier. Parmi les associations actives sur le terrain, le Centro Diaz de Leon est fondé pour répondre aux besoins de Tepito.
Photos de la vecindad Peralvillo n°15 : © Ainhoa Beascoechea Arambarri ; Alexandra Fernàndez Rico ; Pol Fité Grau ; Lara Mir Cortina ; Germán Noguera González ; Pere Rafecas Gómez ; Ariana Santos Gala ; Oriol Torrents Colomer, Estudio arquitectonico y patologico de la vecindad de Peralvillo 15.
L’autogestion est l’outil de cette résistance urbaine. Le quartier devient le foyer d’un nœud de relations entre voisins, commerçants, artisans, acteurs extérieurs. C’est le lieu où naissent les initiatives, les actions, les alternatives, qui permettent de s’affranchir des règles imposées par l’État et par le mode de vie occidental.
Dans cette ville immense qu’est Mexico, Tepito apparaît comme un îlot préservé du striage étatique. Les liens de solidarité tissés entre les habitants permettent aux Tepiteños de perpétuer leur activité commerciale, de conserver leur indépendance, de rester à la marge. La résistance des habitants pour la défense de leur quartier est exemplaire.
Hélas, à l’encontre de ces dynamiques populaires et solidaires, le narcotrafic s’est emparé de la zone et affaiblit gravement le quartier. Beaucoup de jeunes Tepiteños se livrent à ce commerce facile et accessible, tombent dans la toxicomanie. Ils mettent en péril l’équilibre de Tepito. La transmission des savoir-faire n’est plus assurée, le marché est fragilisé.
Tepito devra mener de nouvelles luttes pour subsister et préserver sa force.
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