Portland


Portland, Oregon, États-Unis


Portland, antidote de la “ville générique” de Rem Koolhaas ? “Designed in Europe, Assembled in America” ?

Portland, si singulière, n’est-elle pas en train de se réfugier derrière des appellations telles que “ville verte”, “ville durable”, “ville où il fait bon vivre” ? Comme une sorte d’escalade vers des qualités toujours plus impératives, mais selon des critères destinés à la faire entrer dans les classements et à satisfaire une image calculée ?

Portland voudrait s’arracher à tout processus global pour affirmer sa place sur l’échiquier mondial. Mais la recherche de différenciation s'assimile en fin de compte à la vision la plus normative.


Auteur : Clément Masurier

Titre : Portland, sprint final ?

Année : 2014

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Carte exposée : Portland, d'après “L'archipel vert” (Berlin) de Oswald Mathias Ungers.

Ci-dessus : Porosités réciproques de la ville et de la campagne.
Dessins de l'auteur.


À la manière d'une forêt

La ville a des rythmes composés de foisonnements et de silences. Le continuum est parfois clairsemé de vides, qui sont autant de pauses et d’ouvertures pour un développement continu. Les bruissements de l’activité s’accompagnent par endroits de pics quand ailleurs les résonances se font attendre. Les mouvements se détendent et se concentrent au gré des événements, mais leur appréciation n’est jamais la même selon les situations et les lieux.

L’ensemble peut paraître décousu ou diffus, et échapper à celui qui veut le capter. Mais quand le vent souffle, un courant s’opère et permet d’accompagner toute cette masse dans un même sens. Et il est plus facile d’aller là où les arbres poussent plus hauts pour mieux sentir la force de ce mouvement. L’élan semble alors décuplé, et les expériences sont à leur tour exacerbées. Ces lieux sont des éclosions ponctuelles, qui parsèment une immensité insaisissable. Ils sont autant de portes d’entrée pour s’immiscer dans l’engrenage de ce moteur et appréhender le sens des courants.

Tels des archipels, ces morceaux de villes composent une entité et font corps avec cet ensemble. Ils culminent sans dominer ni s’imposer, ils guident sans laisser à chacun le plaisir de se perdre. À Portland, ces archipels montrent comment quelques fragments urbains parmi d’autres ont réussi à insuffler un esprit et une image. Ils émergent dans cette ville nord-américaine pour proclamer les desseins partagés entre les pouvoirs publics et les habitants, et incarner une forme de changement. Ils impriment les volontés politiques dans un contexte urbain propre aux États-Unis : décousu. Les transformations urbaines se font à travers des lieux stratégiques, telle une avancée progressive et ponctuelle, mais certaine.


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