São Paulo

São Paulo, Brésil

Le “viadu Elevado Presidente Costa e Silva” plus communément appelé “Minhocão” : une voie express en plein cœur de São Paulo, de 3,4 km de long, qui était censée assurer la liaison est-ouest de la ville.

Ce vestige moderne est le rejeton de la Seconde révolution industrielle brésilienne et de la métropolisation, C'est la politique monopoliste poussée à l'extrême, l'idéal de vie de générations entières dans toute leur ingenuité, C'est le fardeau de São Paulo : le “rodoviarisme”.

Auteur : Xavier Seurre

Titre : São Paulo : from Autopia to Dystopia

Année : 2013

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^{Carte exposée : São Paulo, un écosystème rodoviariste}

^{Ci-dessus : Le modèle historique > Le palimpseste des transports > Les emplois formels dans chaque partie de la ville.}
^{Répartition géographique des emplois > L'usage des sols > Les routes et la valeur foncière.}

L'ouvrage le plus emblématique et le plus critiqué de São Paulo

Le viadu Elevado Presidente Costa e Silva, plus communément appellé Minhocão, est une voie express en plein cœur de São Paulo, censée assurer la liaison est-ouest de la ville. Projet phare de la politique de Paulo Maluf - alors Préfet de São Paulo et homme politique corrompu notoire - qui le présente comme « a maior obra em concreto armado de toda a América Latina », il est conçu en pleine période de dictature militaire pour diminuer les problèmes d'engorgement du centre de la capitale.

Au-delà d'une rhétorique de gouvernance, le Minhocão est symptomatique de cette frénésie du béton armé comme instrument des politiques urbaines, des styles et des visions du gouvernement pauliste de droite des dernières décennies. Pensé et conçu en un temps record en 1969-1970, il n'a jamais vraiment fait l'objet d'études techniques pour être validé. Cela questionne d'abord la légitimité de la politique urbaine, apparue non plus comme un outil au service de la Métropole mais comme un véritable vecteur idéologique et financier où la population ne peut se reconnaître. En plus de n'avoir rien résolu (le viaduc fut congestionné dès le premier jour), l'ouvrage pose de réels problèmes urbains en plus des embouteillages dus aux 120 000 trajets quotidiens : la dévalorisation des alentours immédiats des infrastructures, l'insalubrité du dessous du viaduc, la pollution sonore et visuelle causée par son insertion urbaine brutale. On comprend aisément que le viaduc soit qualifié de cenário com arquitetura cruel ou comme uma abberação arquitectônica. Pour ces raisons, il fut ramené au centre du débat urbain, où deux solutions furent envisagées : la destruction ou la réhabilitation.

L'agence d'architectes Frentes Arquitetura Ltd. fut lauréate d'un concours organisé par la Municipalité sur le devenir du Minhocão. Elle proposa de superposer au viaduc une infrastructure culturelle ponctuelle et paysagère continue (un peu à la manière du projet High Line à New York), en arrêtant net l'activité viaire. Cette direction faisait écho à la réappropriation du viaduc par les piétons, à la suite de sa fermeture le dimanche et des ambiances urbaines inédites qui en découlèrent.

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