Tiraspol, Moldavie

Tiraspol, capitale de la Transnistrie. À la tête d'un État artificiel, ville subsistant au sein d'un territoire qui n'existe pas, Tiraspol est passée d'un statut de grand village à celui de capitale, elle est devenue la vitrine soviétique de l'industrialisation… et s'est arrêtée.

Tiraspol respire encore grâce à ses trafics, mais elle est paralysée. Les Occidentaux la craignent, les Moldaves la nient, les Ukrainiens la traversent, les Russes l'exploitent.

Ville refermée sur elle-même, Tiraspol vit dans une bulle de nostalgie soviétique. Rien n'y a été construit depuis des dizaines d'années, aucun projet urbain, aucun souffle nouveau.

Impossible de parler de Tiraspol sans parler de la Transnistrie, sans parler de la Moldavie, sans parler de l’Europe. Ni sans parler de frontières. Mais qu’est-ce donc qu’une frontière aujourd’hui ? Une ligne, un mur, un check-point, un fleuve, rien ? Ou bien une guerre ?

Auteur : Veronica Sereda

Titre : Tiraspol, Made in Transnitrie, voyage dans l’espace-temps.

Année : 2012

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La distance à vol d’oiseau Tiraspol-Paris est à peu près égale à la distance Tiraspol-Bagdad… Quelles influences sur ce territoire au fil de l’histoire ? Jusqu'à quel point peut-on considérer Tiraspol comme une ville européenne ? Elle se situe géographiquement en territoire européen d'après les frontières conventionnelles de l’Europe, mais si les influences ont surtout été slaves et orientales au cours de l’histoire dans cette partie de l’Europe, que faudrait-il en conclure ? Si la Moldavie n’avait pas été placée sous la tutelle de l’Union Soviétique, elle serait restée attachée à la Roumanie : ne ferait-elle pas partie aujourd'hui de l’Union Européenne ?

La création d’une république socialiste soviétique moldave a créé une fracture avec le pays d’origine, la Roumanie. À la suite de la chute du mur de Berlin et à l’éclatement de l’URSS, la Moldavie s’est retrouvée dans un “entre-deux” et s’est proclamée indépendante. Des mouvements patriotiques ont éclaté pour demander un rattachement au pays-mère, mais en vain. C’est à ce moment que le territoire transnistrien, pro-soviétique, n’envisageant nullement un rattachement à la Roumanie, se déclare séparé et indépendant et met en place des frontières sur l’espace de leur ancien(?) propre(?) pays. En 1991, une guerre civile éclate, fait des victimes. Mais rien ne change. Le territoire sera divisé et la frontière entre les deux deviendra de plus en plus tangible. Un nouveau pays est né. Tiraspol en devient la capitale.

- Questionnement sur les frontières de l’Europe -

Si on analyse les frontières de l’Europe et surtout de l’Union Européenne, elles ont quelque chose d’intrigant. D’une part on se confronte aux limites dites naturelles d’un territoire. Ces limites sont définies en fonction de critères géographiques mais aussi culturels, politiques et religieux. Les limites de l’Europe — qu’on pourrait appeler conventionnelles — se situent entre l’océan Atlantique au nord-ouest, la Méditerranée et la Mer Noire au sud en passant par le détroit de Gibraltar, et se prolongent jusqu’à la chaine montagneuse de l’Oural à l’est.

D’un autre point de vue, il y a la manière dont on conçoit nous, les Européens, les limites de notre continent. La vision traditionnelle des pays européens place la frontière sur une “ligne” reliant Odessa, au niveau de la Mer Noire, à Kaliningrad, au niveau de la Mer Baltique. À l’est de cette “ligne” se trouve la majeure partie de l'Ukraine et de la Biélorussie : pays qui constitueraient une zone intermédiaire, un peu en Asie, un peu en Europe et donc, qui ne feraient pas partie de l’Europe telle qu'elle est pensée (ou désirée) par ses habitants.

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