Tripoli


Tripoli طرابلس, Liban


Tripoli est la deuxième ville du Liban, après Beyrouth. Elle est la capitale de la région Nord.

Construit au début des années 1960 par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer, le projet de la Foire, tel que projeté initialement avec ses retombées supposées pour la ville, n’a jamais abouti.

L’idée d’une Foire internationale n’aurait plus de sens aujourd’hui.

L’espace de la Foire, avec son architecture et son vide urbain, reste toutefois un espoir pour la ville. II est perçu comme un levier possible de développement, qui aurait été laissé en attente et pourrait renaître sous une forme nouvelle.


Autrice : Eden Chahal

Titre : Tripoli, autour de la Foire internationale ; quand la ville brouille les cartes

Année : 2015

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Plan de la Foire internationale de Tripoli.


Cartes de situation de Tripoli et de la Foire internationale.


La Foire internationale : un satellite noir et blanc.



Le site emmuré de la Foire > Faubourgs de Tripoli.


Carte exposée : Situation de la Foire internationale et des quartiers environnants de Tripoli.


Tripoli n'est pas Brasilia

Les buts de Niemeyer laissent rêveur si on les rapporte à la situation de la ville. Ce projet est resté théorique, bien qu’il continue de faire sens aujourd’hui. Le plan tel qu’il est et tel qu'on ne cesse de le redessiner, porte l'histoire de la ville, ses fractures politiques, sociales et économiques, et révèle à bien des égards la situation regrettable de Tripoli.

Dans ses écrits, Niemeyer revient à plusieurs reprises sur l’idée que le projet réalisé serait une « leçon » pour la ville et le pays. En termes de logements, d’urbanisme, d'architecture des foires… Il conviendrait de nuancer ou d’ouvrir pour le moins l’éventualité d’une appréciation moins radicale de son étude. Sans doute, la portion de Tripoli que Niemeyer découvrait n'est toujours pas urbanisée. Mais Tripoli n’est pas Brasilia. Peut-être eût-il pu en savoir davantage sur le contexte mais l’occasion ne lui en fut pas donnée.

Nous connaissons les débats autour des logements qu’il prévoyait pour son ensemble d’“habitations expérimentales”. Rien ne permet d'affirmer que ce type d’opération eût été salutaire pour les habitants, ni que cette importation des idées du Mouvement moderne eût été appropriée dans le contexte du Liban. Et de même pour le nouveau quartier de loisir qui fut proposé.

Aujourd’hui, la Foire est perçue le plus souvent comme anachronique. Mais l'on peut penser aussi qu'elle est en réalité éminemment légitime puisqu’elle raconte une part de l’histoire de la ville, même douloureuse et difficile à accepter. La Foire continue de raconter la situation actuelle, l’étendue de la négligence dont souffre la ville, les dangereuses promiscuités des quartiers entre lesquels se creusent les plus criantes inégalités. Finalement, les architectures ne sont-elles pas toutes anachroniques ? Ne racontent-elles pas toutes une histoire révolue ? Tripoli n’est pas aujourd’hui en mesure d’engager de grands travaux. Elle se construit donc par fragments. La proposition de Niemeyer en vue d'un projet de développement plus global serait sans doute idéale.

En attendant d’en avoir peut être un jour les moyens, la ville se raccorde et se panse temporairement, au gré de ses instabilités. La mise en jachère de la Foire n'est peut être qu'une solution temporaire, pour éviter de la perdre définitivement. Car si l'on se donne les moyens de sa réconciliation avec la ville, alors il faut reconnaître que la Foire reste un espace dégagé, un appel d’air précieux dans le contexte sur-densifié du pays. Elle pourrait être un espace public de qualité, qui n'entraînerait pas des coûts d’investissement aussi élevés que ceux qu'exigeraient des opérations de reconfiguration totale. La Foire est largement construite et même défrichée, mais elle est murée et n'est accessible qu'à quelques privilégiés qui l’utilisent depuis quelques années comme promenade. Elle pourrait facilement ne plus constituer un barrage que l’on contourne, mais un espace public ouvert, disponible et apprécié des habitants.

À défaut d’être un moteur de développement économique, pourquoi ne deviendrait-elle pas un moteur social ? La Foire, par-delà le projet défunt, donnerait une nouvelle vie au génie de son auteur.


Ce qui fut semé à Tripoli (Liban) a-t-il germé à Lille (France) ?



Lille Grand Palais, France.

Esquisse du projet par OMA / Rem Koolhaas (“Congrexpo”) & vue aérienne du bâtiment. Euralille, 1995.


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