Xingu











La lecture de ce dessin peut se faire du haut vers le bas. D’abord, il présente la nature dans sa forme iconique. Intouchable, distante. Sa puissance est intrinsèque, sa force est indépendante de nous, les humains. Cette nature est une entité, vue de façon romantique. Ensuite, nous nous plongeons en elle. Nous ne voyons plus qu’une sorte de réseau complexe et même chaotique. Bien que ces relations se présentent comme si elles étaient placées dans un espace vide, elles témoignent d'une certaine rigueur structurelle. Il faut regarder de plus près. Nous commençons alors à percevoir une sorte d'épaisseur physique, nous discernons des comportements. Nous nous rendons compte qu’elle est composée d’humains et de non humains. Ils peuvent tous avoir des liens et chercher à communiquer.


Les profondeurs de la nature
Dessin réalisé le 12 juin 2016.
© Marcia Tosin Kubrusly.


Xingu, Amazonia, Brésil


La cartographie revisitée du roman Macounaïma de Mário de Andrade (1928), à partir d'un récit de voyage, depuis Paris jusqu'au Parc indigène du Xingu.

Macunaïma, « héros sans caractère », évolue avec désinvolture à travers le pays en changeant de couleur. Né noir d’une mère indienne, il devient blanc sous une pluie magique. Il rencontre des personnages mythologiques et des acteurs de luttes politiques urbaines, tels qu'une guerrillera et un grand patron transmuté en géant cannibale.

Macunaíma met en scène le face-à-face problématique entre la culture noire et la culture blanche, tandis que la culture indienne n'est jamais très loin.


Autrice : Marcia Tosin Kubrusly

Titre : Xingu, cosmophanie du territoire amazonien (parc indigène du Xingu).

Année : 2016

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Vers la région du fleuve Xingu, dans le Mato Grosso.


Les étapes du parcours brésilien.



Premier parcours. Dessin d'après l'entretien avec Félix Adugoenau, autochtone de l'ethnie bororo, à Cuiába.


Deuxième parcours. Rencontre avec le cacique João Arrezomae, dans un village paresi.


Troisième parcours. Connexions invisibles. Dessin réalisé le 7 janvier 2016. © Marcia Tosin Kubrusly.

L’idée de ce dessin est venue de la question : Que perçoivent les indigènes dans leur environnement que nous ne voyons pas ? La transcription pictographique de ce questionnement est la tentative d’établir une sorte de schéma spatial bien que non géographique.



La maison anthropomorphe. Coupe, plan et vue photographique.


Carte exposée : Les profondeurs de la nature. Dessin de l'autrice.


Lignes imaginaires

L’espace géographique est établi par des lignes imaginaires et des éléments physiques comme les maisons, par exemple. La représentation visuelle sous forme de plan n’a pas de sens pour les Bororos. Ce qui compte, c’est la représentation du réel par l’imaginaire, le symbolique et le spirituel, fragmentés de manière ordonnée dans l’espace.


I'm miscellanea


Brésilienne, d’origine italienne-vénitienne, libanaise-chypriote, allemande (Brandenburg), polonaise-prussienne et probablement cabocla, je suis le fruit de la mondialisation et mon éducation première en a été le produit. L'enseignement primaire et secondaire que j'ai reçu fut suivi dans une école privée néo-conservatrice, partie prenante d’une holding d’entreprises, qui opère dans les branches privées de l’éducation, de l'édition et de l’informatique. Cette holding fabrique le matériel didactique utilisé par l’école : les polycopiés standardisés alimentent un enseignement faussement encyclopédique, compartimenté, schématique, condensé et synthétique. Du point de vue de cette école, je ne fus pas une étudiante exemplaire. De manière complètement inconsciente j’ai passé toute ma vie à m'opposée au système dans lequel j’ai grandi. Ce refus a marqué ma personnalité et m’a poussée à m'éloigner de ma culture, afin de prendre du recul et de m’arracher à ces visions paradigmatiques. J’avais besoin de comprendre les milieux qui constituent mes origines.

En 2015, cela fait sept ans que j’ai quitté le Brésil et ma famille, sans vraiment les avoir quittés : mes racines, mes plus vives mémoires d'enfance se situent là-bas, dans le jardin de climat subtropical de ma grand-mère maternelle. Durant ces années d'expatriation, je n'étais pas sûre de là où je voulais arriver, j’ai donc agi de manière intuitive, et j’ai fait de ce parcours un champ d’expérimentation quasi métaphysique. C’est donc en commençant par la genèse du territoire auquel je suis censée appartenir que pour la première fois j'étudie la culture brésilienne.


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